Philadelphia, Washington, NYC et Boston !
Mais pourquoi revenir sur mes pas ? Quelle utilité ?
Et bien pour passer par où je n’avais pas encore mis les pieds, surtout à NY et
Boston. On ne se lasse pas, on redécouvre, on explore en plus encore. Du déjà
vu, oui, mais toujours différent.
Maman, regarde : il y a des photos de ton appartement à
Boston ! Dis-moi si c’est bien celui là !!
Puisque mon souvenir retient tout, mais en particulier les
anecdotes et les aventures, voici les plus marquantes : imaginez vous le
soir, à Philadelphia. L’auberge Chamounix mansion est une ancienne maison de
bonne famille, en plein coeur du Fairmount Park. On prend le bus, où nous
devons être quasiment les seules Blanches, Aurélie et moi. Etrange sensation
que de voir la tendance s’inverser, à nos dépends. Nous voilà en minorité et
maintenant nous ressentons la même impression que doivent avoir les Noirs dans
les bus bondés de Blancs. Exiguïté, sentiment d’être lorgnés et pas du tout à
notre place. A une de mes demandes, le chauffeur du bus d’abord ne me répond
pas, puis m’aboie quelque chose que je ne comprends pas, mais qui semble être
une interjection empreinte de nervosité et d’agressivité. Aurélie me traduit
les aboiements par : « Tu vois pas que je suis en train de conduire (pauvre
nouilleà
ça c’est le ton du monsieur) ? » Bref, je suis fâchée. On s’arrête
finalement, avec l’aide d’une dame très gentille qui a aussi aidé deux autres
filles pommées comme nous, et qui vont à la même auberge. Elles partent avec
elle, nous nous arrêtons pour faire les emplettes pour manger ce soir. Là, dans
un petit bouiboui de bord de route, je demande un sandwich dans mon « meilleur »
anglais possible, avec l’accent et les gestes. Le bonhomme me pose une question
dans une langue que j’estime être de l’anglais approximatif, sur fond d’accent
chinois. Aurélie me vient en aide, mais ne comprend pas beaucoup plus, alors qu’elle
est très très forte en anglais…Bref, il se trouve que ce Chinois est
incompréhensible, puisque même son employé, un grand Noir très noir, fait la
moue de l’incompréhension quand il lui lance ses ordres. Je suis rassurée de ne
pas comprendre. Nous continuons notre route, dans la nuit. Le chemin que nous
empruntons se transforme rapidement en sentier à travers bois. Je suis pressée
de trouver cette auberge. On marche d’un pas ferme, jusqu’à ce qu’Aurélie me
fasse remarquer que c’est pas ben ben rassurant, cet endroit. Effectivement, je
n’avais pas remarqué (mais j’aurais bien fini par le voir !) … Elle me
communique rapidement sa nervosité et on finit par avoir vraiment les pétoches !
D’abord il y a eu ce pantalon abandonné, puis une chaussure et enfin, le pied d’Aurélie
bute contre quelque chose de non identifié et elle pousse un cri ! Ah, que
se passe-t-il ? Un pervers ? Un assassin ? Non, juste le pied d’Aurélie !
Et là ça a été le bouquet final : j’ai éclater de rire face à la situation
pour le moins embarrassante et j’ai dit : « De toute façon, les
truands qui sont cachés derrière les buissons sont déjà bien occupés avec les
deux nénettes qui sont passées avant nous ! » la tension tombe un peu
pour moi, je ne sais pas trop ce qu’il en est pour Aurélie, mais nous continuons
d’avancer. Le chemin est long, surtout que nous devons marcher sur la route et
qu’il fait nuit noire [en pleine forêt, je rappelle] (le lendemain, nous nous
apercevrons qu’il y avait un sentier pour les piétons, quelques mètres à côté).
Enfin au loin il y a de la lumière : c’est notre auberge ! Plus on se
rapproche, plus ça nous parait louche et je tire déjà des conclusions rapides,
comme d’habitude, du genre : oh les cons ! Ils nous on fait de la
publicité mensongère ! Ils vont nous loger dans une porcherie (non, mais
vraiment, dans un bâtiment qui ressemblait à une étable, tout en longueur, avec
des fenêtres basses) et Aurélie, de rectifier tout de suite : non, une
écurie ! Eh bien justement, le rire nous prend quand on s’aperçoit que c’est
réellement une écurie et qu’il y a un cheval qui nous regarde, bien éclairé par
les néons du bâtiment, et qui semble être tout seul et pas attaché ! Pour notre
bonheur, le cheval ne se métamorphose pas en animal carnassier dévoreur de
petites Françaises. Il est sage et nous regarde. On voit enfin poindre de nez
de l’auberge ! Quel soulagement !
Le lendemain matin, de bonne humeur et bien reposées, on
reprend le chemin de la veille, pour prendre le bus de Washington. Mais en
regardant les oiseaux et le printemps, on se trompe de chemin et on va beaucoup
trop loin ! Finalement, tout s’arrange puisque notre bus ne passe pas
loin. Une bonne heure d’attente quand même.
Sinon, je voudrais faire une petite réflexion personnelle
sur la diaspora Chinoise, et elle est tout à fait subjective et non officielle.
Le temps presse, nous devrons prendre le bus chinois (moins cher que Greyhound)
pour Washington. Nous nous arrêtons dans ce qui nous semble être notre station,
on montre les billets au kiosque où la madame chinoise articule quelque chose
que je ne comprends toujours pas, nous tourne le dos et s’en va. Pas
commerçante celle-là, me dis-je. Je me dirige vers l’autre guichet et rebelote :
je ne comprends toujours pas, mais cette fois elle ne fuit pas. Elle nous dit
que si on veut, on peut acheter des billets ici. On comprend enfin qu’on est
pas à la bonne place et que ces Chinoises ne nous aideront pas à trouver notre
bus, parce c’est une compagnie concurrente que nous avons choisie ! Alors
voilà ma réflexion : les Chinois installés aux USA sont odieux et fermés
avec ceux qui ne sont pas leur clients et qui ne leur donneront pas d’argent.
Sinon, c’est tout sourire. Les vendus !
Pour le bus : je dois enjamber une bande de loosers
déjà installés en travers des rangées, puisque je veux aller au fond du bus (oh
la bonne idée !) pour avoir les trois fauteuils du fond. Il s’avère que c’est
une très mauvaise idée, puisque 10 min après le départ (on en aura pour 3h !)
s’élève une odeur fétide de marde en stagnation depuis un certain temps, dans
les chiottes juste à côté de nous ! Les hauts le cœur … Glurp … Le mec
devant nous est plié en deux, le plus proche possible de la fenêtre, mais ça ne
fait rien : ça pue toujours autant ! Encore une fois je ris de la
situation, surtout qu’on les enchaîne depuis notre arrivée ! Aurélie me
demande si c’est nerveux et ça a sur moi un effet cathartique : je m’arrête
aussitôt. Moi qui pensais en asseyant mes fesses dans le bus : « Nous
voilà sauvées » et bien ce n’était pas fini ! Je rigole
intérieurement !
J’arrête là, c’est déjà trop long. J’aurais voulu vous
conter l’histoire du riz dans l’auberge de Washington …